RIRE / LAUGH / LACHEN 

Rire / Laugh / Lachen

engl.

The direct action of laughter on the body is the subject of numerous contemporary works in which artists emphasize the liminal character of laughter. To integrate it into a performance, a sculpture or a painting is to introduce a caesura. Where there are no words, no explanations, there is laughter. This is the case in the performative actions of artist Antonia Baehr, who is interested in the materiality, quality and variability of laughter. Baehr’s laughter is liberating but also disquieting, communicative but also exclusionary, pleasurable and aggressive, and above all paradoxical and ambiguous. The performer stages the acoustic and physical phenomenon of laughter in direct relation to the body. She confronts us with her various laughs without contextualizing them, thereby underlining the disturbing nature they can take on. When we don’t understand what generates it, laughter is confusing and symbolizes the absurdity of our lives. In her 2008 book Rire Laugh Lachen, Antonia Baehr writes in her preface: „I was interested not only in the mechanics of laughter and its physiological components, but also in its quality as a gesture, an expression devoid of cause and effect, a manifestation of body and sound. In this way, laughter enables us to experience the loss of control over our bodies and, metaphorically, over our lives. It embodies the possibility of an interruption that encourages reflection and perhaps greater freedom. By tipping us into another reality, laughter provokes our doubts and instabilities, but also nourishes our courage and risk-taking.
– Caroline Schuster Cordone

fr.

L’action directe du rire sur le corps fait l’objet de nombreux travaux contemporains dans lesquels les artistes soulignent le caractère liminal du rire. L’intégrer dans une performance, une sculpture, une peinture, c’est introduire une césure. Là où il n’y a pas de paroles, pas d’explications, s’installe le rire. Il en va ainsi dans les actions performatives de l’artiste Antonia Baehr qui s’intéresse au rire dans sa matérialité, sa qualité et sa variabilité. Les rires de Baehr sont libérateurs mais aussi inquiétants, communicatifs mais aussi excluants, jouissifs et agressifs, et surtout paradoxaux et ambigus. La performeuse met en scène le phénomène acoustique et physique du rire en lien direct avec le corps. Elle nous confronte à ses différents rires sans les contextualiser et souligne par là le caractère perturbant qu’ils peuvent revêtir. Lorsqu’on ne comprend pas ce qui le génère, le rire est déroutant et symbolise l’absurde de nos vies. En 2008, dans son livre Rire Laugh Lachen, Antonia Baehr écrit dans sa préface : « Je ne me suis pas seulement intéressée à la mécanique du rire, à ses composantes physiologiques, mais aussi à sa qualité en tant que geste, expression dépourvue de ses causes et de ses effets, manifestation corporelle et sonore». Ainsi le rire permet d’expérimenter la perte de contrôle sur le corps mais aussi, métaphoriquement, sur nos vies. Il incarne la possibilité d’une interruption incitant à la réflexion et peut-être à davantage de liberté. En nous faisant basculer dans une autre réalité, le rire provoque nos doutes et nos instabilités mais nourrit aussi nos courages et nos prises de risque.
–  Caroline Schuster Cordone